L'abbaye cistercienne d'Aubazine en Corrèze

C’est au XIIe siècle que le lieu d’Obazine entre dans l’histoire. Au cœur d’un paysage aux collines boisées dominant à faible distance la vallée de la Corrèze, l’ermite Etienne de Vielzot, venu des confins de l’Auvergne et du Limousin, fait, vers 1135, le choix de ce modeste replat, particulièrement bien exposé et abrité, doté d’une source pérenne, pour implanter un monastère.

Très vite, ses premiers disciples défrichent le site, créent les premiers jardins, ensemencent la terre, plantent vignes et arbres fruitiers, tout en construisant une église et les autres bâtiments nécessaires tant à leur vie de moines qu’à l’exploitation du terroir environnant. Dans le même temps, l’ermite Etienne fait également édifier, à 600m de là, dans l’étroit vallon du torrent du Coyroux, un autre monastère, destiné celui-là à des femmes qui avaient, elles aussi, fait le choix de vivre à l’écart du monde et selon ses préceptes.

 
Ainsi, nouvellement colonisé et peuplé par une double communauté monastique, le site d’Obazine reçut-il en 1142 la visite de l’évêque de Limoges : il venait inaugurer en grande solennité chacun des deux monastères, installer officiellement chacun des deux groupes, et en confier la responsabilité à Etienne dès lors promu abbé.
 
Quelques années plus tard, Etienne, soucieux d’assurer l’avenir des ses fondations, souhaita faire entrer celles-ci dans l’Ordre cistercien dont les objectifs monastiques et les conceptions austères se rapprochaient beaucoup des seins. Ayant, en 1147, défendu son projet devant tous les abbés cisterciens réunis à Cîteaux en chapitre général, il obtint gain de cause, non sans avoir d’ailleurs bénéficié de l’appui personnel du pape. L’ensemble Obazine-Coyroux appartint dès lors à l’Ordre cistercien, aux usages duquel l’on veilla à se conformer désormais.
 
Ainsi, l’un et l’autre monastères, dont on eut soin de sauvegarder l’isolement, furent-ils reconstruits selon les normes cisterciennes. A Obazine même, ce sont ces bâtiments, édifiés dans la seconde moitié du XIIe siècle, qui constituent encore le cœur du village ; et ils sont à considérer comme l’une des plus belles réalisations de l’art roman que le Limousin s’honore de posséder.